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7e dimanche du temps ordinaire, année A - 19 février 2017

Lévitique 19,1-2.17-18 ; Psaume 103(102),1-2.3-4.8.10.12-13 ; 1Corinthiens 3,16-23 ; Matthieu 5,38-48
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Nous sommes capables d’amour.
Voilà une apparente banalité. Le mot amour a tellement de sens qu’il importe de le préciser pour savoir de quoi l’on parle.
Il ne s’agit pas ici du sentiment amoureux, celui qui vient de la rencontre comme grâce.
Il s’agit plus modestement de l’aptitude cognitive qui nous permet de nous tourner vers l’autre de manières inconditionnelles, c.-à-d. sans chercher la réciprocité ni une contrepartie. Cette définition nous permet de parler d’amour avec la tête froide.
On voit tout de suite les conséquences pratiques d’une telle aptitude.
En premier lieu, la possibilité d’affirmer que la relation interhumaine est interne et non pas externe. On peut alors même transférer cette relation sur des animaux, des plantes et même des objets ; c.-à-d. qu’on les humanise.
Nous humanisons tout ce qui nous est à portée de conscience, tout ce que nous touchons. Nous humanisons même des gens en les touchant, en les regardant. Et c’est loin d’être banal.
La capacité d’aimer nous donne la possibilité de débloquer le mouvement de la vie quand il est grippé quelque part dans notre zone d’influence.
C’est la capacité de redonner à la vie sa fluidité de mouvement, précisément quand son déblocage exige une contrepartie.
La relation classique se caractérise par la réciprocité : donner et recevoir, action et réaction, etc.
Cela favorise l’entre-soi, l’équité, etc.
Or, dans le cadre de l’amour, il s’agit d’un donner-donner. Il y a un jeu de double don.
Le pardon fonctionne sur le même principe.
Alors, en posant cette définition, c’est comme si Jésus le Christ nous disait :
« Je vous instaure et vous envoie comme ceux qui ont pour mission de permettre à la vie de circuler entre vos proches, entre les peuples, entre les nations.
« Que là où se trouve la discorde, j’apporte l’entente », disait François d’Assise qui avait très bien compris l’importance de l’amour dans le bon fonctionnement de la cité des Hommes.
C’est quand la diplomatie vaticane va intercéder pour que les USA et Cuba dépassent leur ego respectif afin de retrouver le dialogue, car leur bouderie affecte tout le monde, et en premier lieu, le peuple cubain qui a payé un trop lourd tribut.
On voit bien que quand les prélats retournent à la mission au lieu de se consacrer à l’entre-soi, alors ils font œuvre utile.
On voit que pour agir ainsi, il ne faut pas être bloqué soi-même par le ressentiment et encore moins par la haine.
Dans le lévitique, il est dit : « si ton frère commet une faute, alors réprimande-le ».
Aimer ou pardonner, ce n’est pas « passer sur ». Et le lévitique ajoute : « mais, tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur »
« Haïr dans son cœur », c’est laisser la haine enter dans son cœur ». On sait que c’est un poison. Il faut l’éviter.
Seul l’Esprit a sa demeure dans notre cœur.
Ne pas riposter au méchant, ce n’est pas le laisser poursuivre son œuvre de destruction. Il faut le neutraliser, mais non pas en répétant le mal qu’il fait. Sinon on reste dans œil pour œil, dent pour dent, quand ce n’est pas la vendetta.
Quand certains démocrates, subissant des assauts terroristes, disent : « nous n’allons pas riposter selon la modalité des assaillants, mais nous allons conserver nos valeurs ».
La différence entre le traitement qu’ils nous ont infligé, et la manière dont nous les réprimandons leur permet de retrouver l’humanité, de se reconnecter avec l’humanité.
Oui, on humanise les gens en leur rappelant leur humanité, en les traitant humainement ; et c’est toujours loin d’être banal.
Le pardon peut parfois ressembler à tendre la joue gauche, quand l’autre n’est pas prêt au pardon. Et cela demande de prendre sur soi ; d’attendre.
Le psaume dit : « domine jusqu’au cœur de l’ennemi », c.-à-d. va jusqu’au pardon.
Ne pas riposter, c’est souvent attendre, mais c’est l’Esprit qui nous le permet, même contre notre chair, quand elle veut riposter sur le champ.
Car parfois, l’ennemi tombe de lui-même. Comme dit le psaume, poussé par les événements, l’impie tombe du haut de son piédestal et se brise en morceaux, car il n’a  pas voulu se convertir, et le temps qui lui était alloué pour cela est écoulé.
Alors, cela peut paraître de la folie pour le monde ; pourtant, quand on le veut, l’Esprit nous donne la possibilité de le faire.
Je rappelle encore une fois, la cérémonie qui eut lieu à la cathédrale de Cologne, en présence des autorités fédérales, dont Angela Merkel, pour les victimes du crash de l’avion de la German Wings dans le sud de la France il y a peu.
Lors de la cérémonie, on a posé un luminaire pour chacune des victimes, y compris pour le copilote qui a égoïstement provoqué ce désastre.
Ce petit luminaire de rien du tout était le signe du pardon de la communauté présente à cet homme.
On voit que de toute façon, les vivants n’ont pas le choix. Seul le pardon peut les guérir de la terrible blessure causée par un égoïsme qui rend autiste. Mais, il fallait encore poser ce geste lourd de sens évangélique.
L’aptitude de l’amour c’est de remettre le monde de la vie en marche partout où il est bloqué.
Prions le seigneur qu’il nous donne la possibilité d’y participer.
Amen.
Père Roland Cazalis

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